Ami lecteur, je te vois lever un sourcil sur ce titre un peu paradoxal. Comme je te comprends. Pour être plus clair, on parle bien de médias dominants, mais précisons que seront ici écartés les BFMTV, CNEWS, Praud et bollosphère en général pour qui tout ce qui est un peu moins à droite que Zemmour relève du bolchévisme hystérique. Oublions-les un instant. Parlons des autres. Les gentils. Soit : l'audiovisuel public pour la radio et la télé, et pour la presse disons Le Nouvel Obs, Libé ou Le Monde. Je te vois lever un second sourcil. Je te comprends toujours. Et pourtant, il va falloir s'y faire. Ces médias de premier plan qui distillent au quotidien une idéologie raisonnablement sociale-démocrate (voire sociale-libérale) (voire libérale-libérale) n'ont jamais autant agité leur label « de gauche » qu'en ce moment. De la remise en cause du macronisme ultradroitier à la promotion quotidienne de la taxe Zucman, un vent de socialisme semble souffler sur l'expression éditoriale de la bourgeoisie éclairée qui pense comme il faut. Petit tour d'horizon.
La bonne gauche et la mauvaise gauche
Il me faut commencer par baisser un peu le chauffage : quand je parle d'un vent de socialisme, on va pas non plus s'emballer. Dans le monde éditorial dont nous parlons, le mot socialisme est trompeur. Car la gauche est multiple et non pas d'un seul bloc, c'est vieux comme un congrès de Tours. À l'instar du cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise gauche. Pour faire court, disons que la bonne est responsable et ouverte au dialogue. Raisonnable, elle évite les manifestations où ça sent la poudre et le débordement. Elle préfère négocier des compromis – retenez ce mot – dans des bureaux feutrés où on parle à mi-voix et où on reste poli. Elle fait des conclaves, parle avec tout le monde, joue au tennis et envoie ses enfants en prépa. Elle a le verbe courtois et les ongles propres. Elle aime l'ordre et c'est pourquoi on la dit « de gouvernement ». Bien. Et puis il y a l'autre gauche, la mauvaise, dont Patrick Cohen nous rappelait le 15 septembre dernier qu'elle « ne veut que la crise ». Ainsi donc la reconnaît-on : elle aime le chaos, le désordre et le tohu-bohu. Inapte au dialogue et rétive à la raison, elle ne discute avec personne, préférant bloquer l'économie et vandaliser des abribus. En outre elle est antisémite, mal rasée et elle dit des gros mots. À l'approche de l'automne, elle va se goinfrer de merguez à la Fête de L'Huma avec plein de petits bouts de frites mayo qui lui tombent dans le keffieh, beurk. On l'aura compris, quand le média dominant dont nous parlons ici s'entiche de la gauche, c'est avec bon goût et discernement qu'il saura choisir laquelle.
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